LA
VIOLENCE DANS L'EDUCATION
Ses conséquences et comment en guérir.
La
violence des parents et des éducateurs détériore
le psychisme de l'enfant d'une manière pernicieuse, avec parfois
de lourdes conséquences à long terme. La violence prend
toutes sortes de formes. Certaines sont beaucoup moins évidentes
que les agressions physiques et sexuelles que l'on dépiste maintenant
beaucoup plus efficacement qu'autrefois. Elles n'en sont pas moins déterminantes
pour la vie future de l'enfant.
Il existe une violence subtile qui va du mépris à l'exigence
abusive de perfection, du dirigisme rigide à l'absence de discipline,
de la sur-protection à l'abandon, de la religiosité fanatique
à l'absence de valeurs morales.
Cinq
symptômes
En fait, derrière une façade de respectabilité
ou de sociabilité distante, beaucoup d'adultes camouflent tant
bien que mal cinq symptômes de ce que certains psychologues américains
ont appelé "dépendance" (en anglais: "codependence")
faute d'un meilleur terme. Ces cinq points sont les suivants.
1- La difficulté à s'estimer à sa juste valeur.
La personne se sent soit supérieure aux autres, soit complètement
nulle, dans les deux cas incapable d'avoir une vraie image positive
d'elle-même.
2- La difficulté d'établir autour de soi des "frontières"
suffisamment souples mais fermes afin de se protéger des agressions
des autres tout en établissant avec eux des relations normales.
La personne qui a été agressée dans son enfance
n'a pas de frontières - victime toute désignée
aux pervers et aux violents - ou bien elle s'est constitué des
murs rigides qui la protègent mais l'isolent.
3- La difficulté de reconnaître et d'exprimer son identité
personnelle. Ces personnes, au fond, ne savent pas qui elles sont. Elles
laissent en jachère leurs capacités, préférant
imiter quelqu'un d'autre ou se comporter selon des critères extérieurs.
4- La difficulté d'assumer soi-même ses besoins et ses
désirs d'adulte. La personne sera trop dépendante, s'accrochant
aux autres dans de nombreuses situations de la vie quotidienne. Ou bien
elle sera devenue hyper indépendante, niant ses propres besoins.
On trouve ici de nombreuses pathologies telles que boulimie et anorexie,
mais aussi l'alcoolisme et la dépendance aux drogues - le besoin
de prendre soin de son corps étant interprété d'une
manière complètement incohérente.
5- La difficulté d'exprimer sa réalité de façon
rationnelle. Certaines personnes sont submergées par leurs émotions
et ont des réactions qui passent d'un extrême à
l'autre, rendant très difficiles leurs relations avec leur entourage.
Certains adultes sont des personnes réactives dont on craint
les explosions de colère, ou au contraire des individus sans
émotion.
Tous ces problèmes proviennent d'une seule cause : une éducation
basée sur la violence. Vous en trouverez la description dans
le livre de Pia Mellody, "Vaincre la Dépendance" qui
fait également l'inventaire de toutes les sortes de violences
qu'un enfant peut subir. Lire son livre et voir si l'on n'est pas par
hasard concernée par l'une ou l'autre des choses qu'elle décrit
est le début d'une recherche sur soi-même dont l'intérêt
n'est pas négligeable.
Quand on a vécu des processus violents dans son enfance, souvent
on en a oublié une bonne partie et on ne veut plus du tout y
penser lorsqu'on est adulte. On pense que tout ça est terminé
et qu'on va maintenant passer à des temps meilleurs et à
une vie épanouie sans du tout revenir sur les choses qui nous
ont marquées. Ce n'est pas vrai. "Tout ça" reste
inscrit au fond de soi. Cela s'inscrit même dans le corps, dans
des contractions musculaires inconscientes qui fonctionnent nuit et
jour et bloquent les processus harmonieux de circulation énergétique.
La dépression est le trouble principal qui en résulte.
* L'Organisation Mondiale de la Santé estime que depuis le début
des années 70, la dépression est le principal trouble
mental dans le monde. Son coût social semble aussi lourd que celui
des maladies cardiovasculaires. L'OMS considère que moins de
50% des dépressifs sont traités. (Alain Ehrenberg, sociologue
au CNRS).
Processus
de guérison
Pia Mellody propose un processus de guérison qui est à
portée de tout le monde : c'est la récapitulation des
expériences de son enfance. C'est seulement en revivant les scènes
qui nous ont marquées, pour rendre à chaque protagoniste
sa part de ce qui s'est passé et dégager les émotions
bloquées, qu'on peut "guérir", c'est-à-dire:
devenir quelqu'un qui ne va pas continuer le processus de violence.
Car les enfants agressés deviennent des parents agresseurs. Et
les personnes ayant subi une forme de violence étant enfants
ont tendance à attirer vers elles des gens qui leur susciteront
les mêmes réponses émotionnelles que ce qu'elles
ont vécu. (On considère que 80% des prostituées
ont été des enfants agressées sexuellement). On
ne peut pas briser le cercle vicieux sans prendre la décision
de retrouver tous ces souvenirs afin de les exorciser.
Pour
être une femme équilibrée
Pour être une femme équilibrée, il est vivement
conseillé de s'interroger sur l'éducation que nous avons
reçue de nos parents, et d'affronter les éventuels traumatismes
que nous avons pu subir. Pour la première partie, il s'agit de
reprendre conscience de ce qui s'est passé, selon les indications
de Pia Mellody:
- Etudiez année après année le déroulement
de votre vie, de la naissance à l'adolescence, et faites la liste
des humiliations subies. Décrivez leur nature et l'auteur, que
ce dernier fasse partie de la famille ou non.
- Ne vous préoccupez pas de l'intention ou non de blesser de
la part de l'auteur. Seul compte ce que vous avez ressenti.
- "Tenez vos agresseurs pour responsables, dit Pia Mellody, mais
éliminez toute rancune. Votre quête a pour but de mettre
fin à l'inconsciente conspiration du silence".(...) "Il
s'agit simplement d'assumer l'existence des traumatismes et de reprendre
contact avec la réalité affective qui fut la vôtre
après ces événements".
Au cours de ce travail, restez centrée sur vous-même. Par
exemple, évitez de comparer votre expérience à
celle des autres, vous mettriez ainsi en route des mécanismes
de défense. Eviter d'utiliser des qualificatifs moraux.
Pour la seconde partie, Pia Mellody s'inspire du programme des Alcooliques
Anonymes. Il faut d'abord reconnaître la nature de son problème
par écrit. Elle donne un exemple : "Je reconnais être
impuissante dans mes rapports avec les autres et ne plus pouvoir gérer
ma vie". L'important est de prendre conscience de la manière
dont votre problème agit sur vous-même. Décrivez
par écrit comment vous vivez les cinq symptômes décrits
ci-dessus, ainsi que les conséquences qui en découlent
en vous rendant la vie insupportable. Cela peut prendre du temps, et
même être très pénible. Mais ne vous découragez
pas.
Vers un monde sans violence?
Quand on voit certains adolescents d'aujourd'hui, on se pose des questions
sur le monde qui est en train de se construire. C'est pour cela qu'il
est urgent que chaque femme prenne la décision d'agir, sur elle-même
d'abord et ensuite autour d'elle, afin d'éradiquer toutes les
causes qui font que de nos jours la violence augmente et se répercute
de génération en génération.
(Pia Mellody: "Vaincre la Dépendance", ed. J'ai Lu
Bien-Etre. En anglais: "Facing Codependence", HarperCollins
Publishers Ed.).
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