LES FILLES REUSSIRAIENT-ELLES
MOINS BIEN QUE LES GARCONS?
Malgré
tous les systèmes de bourses d'études existant dans
la plupart des pays, l'accès à l'université est
toujours conditionné par l'origine sociale et les moyens financiers
des parents. Par exemple, en France en 1998, parmi les étudiants
accédant à l'université, 3,4% avaient des parents
agriculteurs, 9,4% artisans, commerçants ou chefs dentreprise,
24,5% professions libérales et cadres supérieurs, 21%
professions intermédiaires, 11,8% employés, 12,9% ouvriers,
5,4% retraités et inactifs (Quid 1998).
Mais ces chiffres concernent autant les jeunes filles que les jeunes
gens. A priori, donc, dans les pays développés, à
niveau social égal, les filles ne devraient pas être
défavorisées. On peut donc se demander pourquoi, en
1998, 24% des physiciens et 20% des mathématiciens sont des
femmes? Et pourquoi y a-t-il eu seulement onze Prix Nobel décernés
à des femmes, contre 430 à des hommes?
La réussite aux études scientifiques dépendrait-elle
des hormones? Les filles seraient-elles moins douées dans ces
disciplines que les garçons? Il n'en est rien! Selon les résultats
mesurés à la fin de la classe de troisième, il
existe très peu de différence, vers quinze ans, entre
les performances des filles et celles des garçons dans chacune
des disciplines enseignées. (Magazine "Elle", 23
mars 1998).
Poussant plus loin l'investigation, des chercheurs ont eu l'idée
d'installer des caméras dans des salles de cours de lycée.
Ils sont tombés de haut : Dans leur pédagogie, les professeurs
favorisent toujours les garçons, comme autrefois! (Marie Durut-Bellat,
"Elle", 23 mars 1998). Les enregistrements vidéo
montrent qu'en moyenne, le professeur de maths ou de physique, qu'il
soit homme ou femme, interroge moins souvent les filles que les garçons
et laisse à celles-ci moins de temps pour répondre.
Il existe à l'école un véritable "cursus
caché" que les élèves apprennent en même
temps que la discipline: c'est la répartition traditionnelle
des rôles. Filles et garçons sont traités différemment
en fonction de leur sexe, et ce de manière flagrante. Une fille
sera félicitée pour sa bonne conduite et la propreté
de sa copie, et non pour l'exactitude de son raisonnement, alors qu'un
garçon sera bien noté s'il a trouvé le bon résultat
alors que sa présentation laisse à désirer. L'indiscipline
est mieux tolérée chez les garçons que chez les
filles, car le jeune homme "s'affirme"! En terminale, une
fille qui aime l'informatique ou les maths est considérée
comme gênante, et l'administration tente de la diriger plutôt
vers les filières littéraires.
Cette étude a démontré que les écoles
mixtes, loin de favoriser un égale réussite des filles
et des garçons, défavorisent les jeunes filles en les
renvoyant au rôle naturel de la femme, c'est-à-dire :
peu agressive, bonne pour les disciplines littéraires et, au
fond, plutôt destinée à abandonner son métier
pour se consacrer à ses enfants. Alors pourquoi l'aider à
réussir dans des disciplines de pointe, dans la recherche scientifique,
dans des carrières à implication personnelle forte?
Le vieux modèle social a toujours la peau dure !
Aux Etats-Unis, pour lutter contre cette tendance, la milliardaire
Ann Tisch a créé une école, la Young Women's
Leadership School, destinée à permettre à des
adolescentes douées d'échapper au nivellement. Les élèves
y travaillent par petits groupes et reçoivent toute l'attention
et les conseils qui leurs sont nécessaires, tant dans les disciplines
scientifiques que dans les autres. (Annette Vezin, "Elle",
id.).
En Irlande, où la mixité scolaire est encore loin d'être
la règle, une étude de l'Université de Cork a
montré que les filles obtiennent de bien meilleurs résultats
dans les écoles non mixtes.
En Espagne, où la mixité a été instaurée
depuis peu, des professeurs ont constaté que les résultats
n'en sont pas vraiment encourageants. Il en est de même en Italie.
"Le modèle mixte co-éducatif ne présente
dans aucun domaine d'avantage réel pour l'éducation
des filles", constate Anna-Maria Piussi, professeur à
l'Université de Padoue qui réclame une "pédagogie
de la différence sexuelle".
En Allemagne, des professeurs de sociologie suggèrent de séparer
les garçons et les filles pour certaines matières.
Force donc est de constater que les pays développés
occidentaux, tout en affirmant l'égalité entre hommes
et femmes, ont une manière sournoise de maintenir les femmes
"à leur place" dans un rôle secondaire. Et
cet enfermement passe par l'éducation officielle qui est donnée
dans les écoles et les lycées.
(Pour plus amples informations, un livre: "Egalité des
sexes en éducation et formation", de Nicole Mosconi, editions
PUF).
L'EDUCATION
DES FEMMES
DANS LES PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
Comparons
maintenant avec ce qui se passe dans les pays moins développés,
voire carrément pauvres, de l'Asie et de l'hémisphère
Sud.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD)
constate en 1998 que sur 174 pays étudiés, aucun "ne
traite la femme à l'égal de l'homme". Les femmes
représentent 70% du milliard de personnes vivant dans un état
de pauvreté absolue, et leur travail non rémunéré
peut être évalué à 11.000 milliards de
dollars par an (QUID). Alors, dans ce climat, quelle éducation
pour la femme?
Selon l'UNESCO, il y avait en 1998 1.400 millions d'illettrés
dans le monde, sachant que l'illettrisme se définit comme "l'incapacité
d'une personne à lire et à écrire, en le comprenant,
un exposé simple et bref de faits en rapport avec sa vie quotidienne".
D'après les statistiques, dans les pays les plus pauvres, on
assiste à une répartition inégale de l'éducation
entre les hommes et les femmes. Par exemple (QUID), en Algérie
en 1998, l'analphabétisme touchait 26,1% des hommes et 51%
des femmes - au Bangladesh, 50,6% des hommes et 73,9% des femmes -
au Burkina-Faso 70,5% des hommes et 90,8% des femmes - en Guinée
50,1% des hommes et 78,1% des femmes - en Inde, 34,5% des hommes et
62,3% des femmes - au Niger 79,1% des hommes et 93,4% des femmes -
au Pakistan 50% des hommes et 75,6% des femmes - au Portugal, 15,2%
des hommes et 25,4% des femmes...
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